Les membres de l’association des producteurs algériens du cinéma (APAC), ont adressé à Abdelmadjid Tebboune, un courrier dans lequel ils expriment “le profond malaise que vit la profession, notamment à travers la disparition des ressources financières à même d’inciter la création cinématographique”.
Le Fonds national pour le développement de l'art, de la technique et de l'industrie cinématographique et de la promotion des arts et des lettres (F.n.d.a.t.i.c.p.a.l) représente l’un des soutiens majeurs dans la création cinématographique. Et sa dissolution inquiète bon nombre de réalisateurs et de producteurs algériens sur le devenir de ce secteur moribond, qui peine à se développer. D’ailleurs, cette situation a suscité l’incompréhension chez les professionnels, qui appréhendent la “disparition” du Fdatic, soit de l’aide financière pour la réalisation de leurs films. À cet effet, l’association des producteurs algériens du cinéma (APAC), a adressé une lettre ouverte au Président de la République, dans laquelle elle exprime “le profond malaise que vit la profession”, notamment à travers la disparition des ressources financières à même d’inciter la création cinématographique, mais aussi à travers la mise en place d’une future loi du cinéma qui va “à l’encontre de toute politique favorisant le développement du 7e art”.
À propos de ce courrier, le producteur Boualem Ziani nous a indiqué que l’APAC a envoyé cette lettre le 17 février, mais “nous n’avons toujours pas reçu de réponse ! Même si la situation n’est pas favorable à la production cinématographique, le Fdatic reste un guichet qui maintient la production”. Selon notre interlocuteur, il faudrait penser à d’autres “alternatives”, et ce, en mettant en place un autre fonds d’aide au cinéma. À ce sujet, ils ont questionné l’ancienne ministre de la Culture ainsi que des représentants du ministère de la Culture mais “nous n’avons jamais reçu de réponse claire. Nous sommes dans le flou”, regrette-t-il. Suite à ces interrogations, les professionnels ont décidé d’écrire au Président afin de l’“alerter” sur cette situation, car il y a un grand nombre de réalisateurs et scénaristes, qui ont déposé leurs projets au niveau du Fdatic et sont dans l’attente depuis plus d’une année. “Du coup, il n’y a pas de productions ; les techniciens ne travaillent plus et beaucoup de boîtes de production risquent de baisser rideau”, martèle Ziani. Concernant le contenu de ce courrier, l’APAC rappelle que le 1er janvier 2022, l’APAC a eu confirmation de la dissolution de la seule aide publique à l’activité cinématographique. Le Fdatic.
Et ce, en dépit d’un “environnement défavorable et de l’absence d’un marché pour nos films, notre secteur n’est parvenu à se maintenir en activité que grâce à cette précieuse aide publique et à l’engagement de fragiles opérateurs privés, qui risquent aujourd’hui de disparaître définitivement”. Les membres de l’association n’ont pas manqué de souligner : “Nous nous adressons à vous personnellement, Monsieur le Président de la République, non seulement en tant que plus Haute Autorité de l’État, mais aussi en tant que défenseur du cinéma national, puisque vous avez souvent appelé, dans vos discours, à son développement.” Et de confier ainsi leur “inquiétude”, car suite à de nombreuses réunions et interrogations, les concernés n’ont reçu “aucune réponse rassurante” de la tutelle quant à la “garantie” de la continuité de la production cinématographique.
Pour conclure, ces professionnels insistent sur le soutien étatique à la production cinématographique, la nécessité de la formation ainsi que la mise en place de mesures réglementant la diffusion des films sur les chaînes télé, salles de cinéma et plateformes. “Car notre secteur risque de se fragiliser davantage, voire de disparaître du paysage culturel algérien”.
Hana Menasria