Culture DISPARITION DE YAMINA BACHIR CHOUIKH À L’ÂGE DE 68 ANS

Le cinéma orphelin d’une femme en or

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Hana MENASRIA Publié 04 Avril 2022 à 12:00

© D. R.
© D. R.

Malgré sa force et sa fougue, “Mina” a fini par rendre son dernier souffle hier matin, suite à une longue maladie.

Elle a fait de sa passion, le cinéma, une lutte acharnée. D’ailleurs, sa voix était de tous les combats, qu’ils soient culturels ou politiques. Et elle a résisté jusqu’au bout. Ce “Elle” renvoie à une femme extraordinaire, qui ne pouvait laisser ses interlocuteurs, son public ou même ses détracteurs de marbre. Figure emblématique du cinéma algérien, Yamina Bachir Chouikh est connue pour être une femme de poigne, qui s’est imposée durant les années 70, dans un secteur exclusivement masculin.

Le 7e art la hante, l’habite, et sa détermination lui a permis de se démarquer dans les différents métiers : chef-monteuse, réalisatrice et productrice.

Malgré sa force et sa fougue, “Mina” a fini par rendre son dernier souffle hier matin, suite à une longue maladie, qu’elle a dû affronter sans répit. Si l’on devait raconter ce personnage atypique, un journal ne suffirait à la décrire et lui rendre honneur. L’annonce de sa disparition en cette matinée de dimanche a anéanti plus d’un – issus du milieu culturel ou simples admirateurs – et les internautes n’ont cessé de rendre un ultime hommage à la réalisatrice de Rachida. Pour l’écrivain Nadjib Stambouli, cette nouvelle est “triste. Notre amie Mina Chouikh, réalisatrice et chef-monteuse, est partie, ajoutant un jalon de deuil à l'hécatombe qui a frappé cette année notre cinéma. Soutien moral à mon ami Mohamed Chouikh, à leur fille Yasmine et à tous les cinéastes algériens pour surmonter cette pénible épreuve. Allah yarhamha...”.

C’est dire que Mina était une grande passionnée, qui a su transmettre son amour pour le cinéma à ses enfants, notamment Yasmine qui s’est distinguée sur la scène culturelle. Hocine Machouk, du cinéclub Ciné Houma, a tenu à rappeler que “l’Algérie vient de perdre une grande dame du cinéma. Elle a toujours répondu présente à nos invitations.

C’était une lumière ambulante, et surtout elle nous encourageait à aller de l’avant et à travailler. Elle m’a marqué avec son humilité et sa modestie”. Ce post est loin d’être dans “l’exagération”, Mina est devenue l’une des porte-voix de ces jeunes cinéastes et techniciens, elle espérait tant les voir prospérer et s’épanouir, mais surtout émerger et de vivre leurs rêves. À ce propos, elle faisait partie des rares professionnels à assister aux projections et avant-premières pour soutenir ces jeunes réalisateurs.

Connue pour son franc-parler légendaire, Yamina n’hésitait nullement à prodiguer des conseils ou apporter des critiques constructives. Et la sincérité était l’une de ses plus grandes qualités ! Dans les rencontres et autres événements consacrés au cinéma, elle dénonçait les choses haut et fort, sans se soucier du que dira-t-on.

À ce sujet, la dernière rencontre avec Mina remonte au festival national de la littérature et du cinéma de la femme de Saïda (décembre 2021), durant lequel elle a été honorée pour l’ensemble de sa carrière. Malgré la maladie et la fatigue, cela ne l’a nullement dissuadée de parcourir des kilomètres et de profiter ainsi de cette manifestation.

Dynamique et joyeuse, elle assistait aux projections des courts métrages, aux rencontres et aux soirées festivalières interminables. Elle aimait parler de cinéma, d’échanger et tenter de trouver des solutions pour la relance de ce secteur. Infatigable, elle répondait aux jeunes Saïdiens avec bienveillance… Yamina Bachir Chouikh est née le 20 mars 1954 à Alger, elle a “fait ses premiers pas dans le monde du 7e art au Centrer national du cinéma algérien (1973) où elle s'est spécialisée dans le montage”.

Elle a participé dans plusieurs productions, à l’instar de Omar Gatlato de Merzak Allouache et Vents du Sud de Mohamed Lakhder Hamina. Épouse du réalisateur Mohamed Chouikh, elle a assuré à ses côtés le montage de La citadelle ou encore L'arche du désert. Mina a été inhumée hier au cimetière d'El-Alia. Adieu l’artiste, tu nous manqueras terriblement…

Hana M.

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