Natif du village Igufilene, dans la commune montagneuse d’Illiltène, à Tizi Ouzou, Aomar Mahrez raconte sa passion pour l’art en général et pour la sculpture en particulier.
Liberté : Vous êtes un artiste autodidacte. Comment est née cette passion pour la sculpture ?
Aomar Mahrez : J’ai connu l’art en général dès mon jeune âge. J’étais tout particulièrement fasciné par cette magie de transformer le réel et de le figer par la sculpture ou sur une toile de peinture, une photographie, un dessin, etc. Au tout début, j’ai commencé par la chanson et la musique et, avec le temps, j’ai découvert la sculpture, et je me suis mis corps et âme dans ce travail, depuis. Pour moi, c’est beaucoup plus une passion qu’un métier. La sculpture est mon espace où j’apprends à être moi-même, à être tout simplement libre.
Vous êtes passé de la musique à la sculpture. Comment s’est opérée cette transition ?
C’est vrai. Longtemps, j’étais passionné par la musique. Je faisais la scène avec beaucoup d’autres chanteurs, lors de manifestations culturelles et de soirées musicales. Avec le temps, je me suis découvert d’autres talents comme le dessin et la sculpture. Je suis tout le temps animé par le désir de la création. Pour la sculpture, j’ai commencé, avec de petits moyens, par reproduire certaines scènes de vie de la Kabylie anciennes et la représentation de beaucoup de personnages qui m’inspiraient à citer par exemple une femme berbère qui roule le couscous, ou un paysan qui laboure la terre, ou encore une femme qui porte du bois sur son dos, un berger, etc.
Le monde traditionnel et la vie au village vous fascinent-ils ?
Effectivement, j’ai une grande passion pour le monde traditionnel en général. Certains objets anciens évoquent pour moi une grande nostalgie qui à son tour réveille en moi cette faculté de création pour aussitôt vouloir modeler ou donner forme à cette inspiration. Voilà, donc mes inspirations viennent souvent du quotidien et de mon attachement à ma culture et au passé. Personnellement, j’aime donner forme par la sculpture à des corps humains, animaux, objets par différentes matières dont l’argile, le ciment, la résine, le bois, le tissu, etc. Et parfois, j’opte pour le recyclage des matières et des objets usés pour réaliser des décors et des sculptures. Je cherche toujours, à travers mes œuvres, à reproduire des scènes de vie qui renvoient à l’identité et aux origines berbères.
Des difficultés pour vivre de votre art ?
Oui. Ce n’est pas facile de gagner sa vie avec l’art. Cependant, j’ai la chance de gérer en parallèle une petite boutique de décoration avec mon épouse, qui m’encourage beaucoup et me soutient surtout dans ce que je fais sur le plan artistique. L’absence d’un marché de l’art pénaliste grandement nos artistes. Il n’est pas aisé, pour nous, d’écouler nos œuvres.
Avez-vous des projets en vue?
Je crois que tout artiste a des projets et j’en ai des tas. En effet, j’envisage de réaliser prochainement une série de statues de personnalités connues dans la culture berbère. Je compte redoubler d’efforts, travailler plus afin d’élargir la gamme de mes œuvres.
Propos recueillis par : K. TIGHILT