La salle de cinéma Le Maghreb de la ville de Draâ El-Mizan, au sud-ouest de Tizi Ouzou, est non seulement fermée depuis le début des années 1990, mais elle est laissée à l’abandon. Carrelage décalé, risque d’effondrement du balcon, façades extérieures décrépites…, l’édifice est en proie à un délabrement continu. Mise en service au milieu des années 1970, la salle Le Maghreb n’ouvre plus ses portes que pour des meetings à l’occasion des élections. Autrement, depuis des années, aucune activité culturelle, encore moins de projection de films, n’y a été organisée. “Cette salle est dans un piteux état.
Depuis que je venais ici à Draâ El-Mizan, il y a de cela plus de vingt ans, elle n’a subi aucune réfection aussi minime soit-elle. C’est un gâchis, au moment où la région manque de structures culturelles”, a déploré récemment un acteur politique venu animer une conférence dans le cadre de la campagne électorale. “Pourtant, depuis les années 1970 jusqu’au milieu des années 1990, il y avait non seulement des projections cinématographiques, mais aussi des galas artistiques.
De nombreuses vedettes de la chanson kabyle sont passées par là”, se souvient, pour sa part, Mohamed, un membre de l’association Taneflit n tmazight, dont le siège est devenu un point de chute pour les jeunes de la localité, en dépit de son exiguïté. “Quand nous étions au collège à la fin des années 1970, je me souviens qu’on avait droit à deux projections par jour. Nous faisions l’école buissonnière pour regarder un film. C’était vraiment un soulagement pour nous qui étions des élèves internes au CEM Krim-Rabah”, se souvient encore Boualem, un retraité de l’éducation.
À noter que tous les candidats aux élections locales et même aux législatives de 2017 avaient promis d’inscrire la réhabilitation de cette salle de cinéma, en vain. “Je crois qu’il est temps pour les élus locaux de conjuguer leurs efforts avec ceux de l’APW pour restaurer cette structure, à l’exemple de celle de Boghni qui a été rénovée récemment”, estime Mustapha, un cinéphile de cette région, où l’unique lieu de loisir qui continue d’attirer encore les citoyens est la maison de jeunes Arezki-Mansouri. Sauf que celle-ci est située en dehors de la ville, dans un endroit isolé.
À rappeler qu’il y a quelques années les autorités avaient promis de doter la localité d’un centre culturel qui sera rattaché à la maison de la culture Mouloud-Mammeri. Un centre qui, selon des élus locaux, devait être implanté sur l’assiette qui abritait l’ex-tribunal réformé depuis le séisme de 2003. “Initialement, le tribunal devait juste être réhabilité, mais en raison de la dégradation de l’immeuble au fil des ans, il était question de sa démolition et de son remplacement par un centre culturel. Depuis, c’est motus et bouche cousue”, explique El-Hadi, membre d’une association culturelle, qui a initié une pétition pour justement retenir ce site pour qu’il serve de centre culturel.
O. Ghilès