Lenka Hornakova Civade, écrivaine et peintre tchèque, Adib Benazzi, Selma Guettaf et l’autrice autrichienne Lydia Mischkulnig étaient les invités des 13es Rencontres euro-maghrébines des écrivains, organisées le 26 mars par la délégation de l’Union européenne en Algérie. Jeune romancière et journaliste établie à Paris, Selma Guettaf, qui a publié Les Hommes et Toi (éd. Apic, 2016), a partagé avec l’assistance son expérience lors de l’écriture de ce roman. Au cœur des rencontres de cette année, la jeunesse, qui, dans le cas du premier roman de Guettaf, traite de l’adolescence et des errances d’une sœur et de son frère. Même si elle ne prétend pas représenter la jeunesse algérienne, l’autrice dit “écrire avec sa sensibilité, en partant de l’intime pour toucher quelque part le social”.
Raconter la fugue de Mira, un des personnages du roman, “c’est représenter une colère, des frustrations, une errance ou un besoin d’évasion” que Guettaf ressentait au sein de la société. Comment se mettre dans la tête d’un jeune, ressentir ses émotions ou ses déceptions, pour l’écrivaine tchèque Lenka Hornakova, le procédé se résume à “parler avec ses personnages”, a-t-elle avancé, “jusqu’à ce qu’ils prennent corps par leurs voix, c’est un échange permanent, non seulement entre moi et le personnage et entre les personnages eux-mêmes”.
Dans un autre registre, Adib Benazzi, qui a publié dernièrement son premier roman Marée basse aux éditions Dalimen, est revenu sur l’Histoire et la justice, deux éléments prégnants de ce premier récit. Aussi, Benazzi déclarera que les relations entre la France et l’Algérie, omniprésentes aussi, ont été abordées d’une autre manière dès lors qu’il s’installera en Angleterre. “Évoluer dans un environnement anglosaxon, complètement déconnecté, m’a permis de prendre du recul. J’ai porté un regard différent sur la question.” À propos de son personnage principal, que l’on retrouve au début du roman désœuvré et sans points de repère, son évolution reste paradoxale, dans la mesure où plus il enfreint les règles et les “lois de la justice”, plus il ressent une certaine fierté en aidant d’autres personnages, et ce, quelles qu’en soient les conséquences.
L’Autrichienne Lydia Mischkulnig aborde dans son roman La Juge la question des migrants à partir du point de vue d’une magistrate. Il s’agit là, selon les propos de l’autrice, d’une œuvre sociale, politique mais aussi métaphysique. Elle doit décider d’accorder ou non le droit d’asile à des réfugiés, dira-t-elle, et la décision de la juge dépend entièrement de ce que lui disent ces demandeurs d’asile, qui sont jeunes pour la plupart.
YASMINE AZZOUZ