L’écrivaine Nassira Belloula signe un nouvel ouvrage, L’Aurès, le pays des Chaouias, paru chez Rafar Éditions (décembre 2021).
Les photographies qui illustrent ce voyage en territoire chaoui sont de notre confrère Rachid Hamatou et du peintre Bachir Fourar, tous deux passionnés de photo et des Aurès.
Un duo avec lequel l’ancienne journaliste avait fréquenté le lycée technique de Batna. Le livre en question est plus qu’une aventure, signale en avant-propos Nassira Belloula, “c’est l’accomplissement d’un travail passionnel qui nous lie et unit comme des pommes de pin sur une branche”.
Et, s’agissant du tri et du choix des photographies, “celles de Rachid, de Bachir et de toute personne” qui a contribué “à la réalisation de ce projet ont été une tâche bien ardue, car chacune des photographies a sa propre histoire”.
L’auteure n’oublie pas d’indiquer de prime abord que l’aboutissement de ce travail n’a pas été une œuvre facile, bien au contraire. Que de nuits insomniaques il a fallu pour “mettre en texte une histoire séculaire, vieille de quelques millénaires” ! Mais il fallait le faire, car c’était une promesse “pour notre richesse historique, culturelle, une ode à une mémoire, à un peuple qui a forgé notre caractère et celui de tous ceux qui furent trempés dans cette sueur chaouie. Notre mémoire est un héritage qui doit se transmettre, qui doit perdurer au-delà du temps… Notre âme est ce pays, son peuple, sa culture, sa langue et son histoire”, dit-elle.
Le livre ne se veut pas une description aussi fidèle soit-elle des Aurès de leur enfance ou de leur jeunesse, mais c’est avec un réel plaisir qu’on retrouve les trois complices pour nous offrir ce beau livre richement illustré.
L’idée, explique Nassira Belloula, “n’est pas juste de raconter ce patrimoine avec des photos et des textes. C’est l’opportunité d’offrir une représentation fidèle, susceptible de construire un dialogue, de susciter curiosité et admiration, de dévoiler le beau, le visuel, le tenace, le rebelle, l’austère, le digne, le riche, le modeste, le silencieux, le merveilleux…”. Plus encore, “en somme, de nous réconcilier avec nous-mêmes”.
Après avoir rappelé la place des Aurès dans l’histoire des anciennes Numidie et Ifriqiya, qui a fait d’eux un “creuset de culture, influencée par le flux des conquérants romains, byzantins, vandales, arabes, ottomans et les Français”, l’auteure explique que les recherches archéologiques dans l’ensemble des Aurès et les découvertes telles que les grottes de falaises calcaires de Bouhmama ou encore les escargotières du mont Fartas attestent de “l’existence d’un peuplement très ancien, proche de celui de Cro-Magnon. De nombreuses grottes troglodytes comme celles observées à Maâfa étaient habitées par des hommes, ainsi qu’à Talcarboust et dans le Ghoufi”.
Évoquer la Numidie, pour l’auteur, “c’est plonger dans les profondeurs de l’Aurès”. La Soumaâ du Khroub, ou tombeau de Massinissa, est située à El-Khroub, dans la wilaya de Constantine. Le mausolée d’Imadghassen, ou Madracen, datant du 3e siècle av. J.-C., est situé sur le territoire de la commune de Boumia, dans la wilaya de Batna.
Dans cet ouvrage, presque à chaque page, c’est un inventaire de tous les vestiges, qui témoignent d’une histoire plusieurs fois millénaire, mais aussi de noms, prestigieux, qui ont marqué leur époque depuis la Numidie antique jusqu’aux artistes et écrivains contemporains, en passant Mostefa Ben Boulaïd, Aïssa Djermouni, le premier à chanter à l’Olympia en 1937, l’auteur de Nedjma, Kateb Yacine, le poète Mohamed Nadir Sbaa ou encore le leader du groupe Les Berbères, Djamel Sabri, dit Joe.
M. OUYOUGOUTE