Le domaine de la construction ne fait nullement exception aux nouvelles exigences du monde; un monde où tout doit aller toujours plus vite et où le développement durable n’est plus une option.
Le BIM (Building Information Modeling) est une méthode de travail collaboratif de plus en plus utilisée et plébiscitée par les professionnels du secteur de la construction à l’échelle mondiale. Elle permet aux différents acteurs du projet de travailler sur une « maquette numérique » élaborée grâce à un logiciel 3D et permettant de stimuler toutes les phases de construction; tout en ayant une base de donnée (prenant en charge la quasi-totalité des dimensions du projet) qui s’enrichit au fur et à mesure du processus et de l’expertise des différentes disciplines.
C’est dans cette optique que nous questionnerons le rapport de la pratique architecturale en Algérie ainsi que son degré d’adaptabilité au processus BIM.
Pour se faire nous nous baserons sur des témoignages d’architectes algériens praticiens afin d’étayer nos propos; nous nous intéresserons d’abord a l’appréciation de ce processus collaboratif, puis nous évaluerons la possibilité d’intégration du process BIM dans les processus de projet en Algérie.
Dans ce cadre de recherche et d’échanges; la collaboration et la communication (clé du process BIM) sont au cœur du débat. En effet la gestion interne des agences d’architecture tournent autour de cette problématique collaborative visant l’ensemble des corps de métiers de la construction. C’est d’ailleurs l’un des indicateur majeur relatif au degré d’adaptabilité du BIM; et c’est justement cette communication bien souvent «ancestrale», linéaire et tumultueuse entre les différents corps de métiers du bâtiment qui laisserait croire que le BIM connaitra un avenir sinueux en Algérie.
Alors même que le BIM pourrait résoudre ce problème de coordination; nous avons pu noter un autre problème majeur dans l’intégration du process en Algérie, en effet hormis les architectes qui sont pour cette introduction; les autres acteurs du bâtiment restent tantôt dubitatifs tantôt réfractaires à l’idée, l’argument premier des corps d’état secondaires est qu’ils n’ont pas été formés à cela. Ainsi même si un architecte modélise l’ensemble de la partie qui le concerne dans une maquette numérique, cette dernière serait inutile si le reste des composantes du projet n’y figurent pas. C’est pour cela que des formations dans le cadre professionnel ou l’intégration de ces dernières dans le cursus universitaires sont à encourager. Car nous remarquons un peu plus chaque jour la nécessité de l’outil numérique; un outil optimisant technique, cout et facilitant la gestion à toute phase du projet. En effet l’expérience algérienne du BIM process (tournant principalement autour de la modélisation et de la quantification) permet d’affirmer que le BIM aide à mieux gérer un projet, en terme de temps et de qualité de production et ce durant tout le cycle de vie du bâtiment, du moment ou il y a aboutissement a une maquette numérique exploitable contenant tous les détails du projet. La facilité d’accès a l’information est à pourvoir fortement; car à ce stade, même les fournisseurs de matériaux pourraient développer leurs produits en modèle numérique exploitable et fournir une bibliothèque numérique des disponibilités sur le marché en temps réel.
Poursuivons dans l’actualité algérienne avec quelques chiffres; sur l’étude que nous avons effectuée nous avons remarqué que plus de la moitié des agences d’architecture travaillait avec le BIM niveau 1 ( c’est-à-dire production d’une maquette isolée ainsi que recours au logiciel CAD) ; quant au niveau de détail, nous pouvons affirmer que pour la grande majorité il est question du détail Lod 200 ( c’est-à-dire une 3D avec ses dimension sans plus d’infos sur l’objet). En ce qui concerne les dimensions plébiscitées sur le marché algérien, il est majoritairement question de maquette 3D a 97 % des cas et seulement 3% de recours a la maquette 4D (estimant le temps) et 5D (estimant le cout) et cela se justifie par le manque de formation et la non maitrise du process par plusieurs corps d’état du métier. Et que justement pour y remédier, au delà des formations qui pourraient être faites en agence ou pendant le parcours universitaire, il serait peut être intéressant d’exiger aux agences de se mettre au diapason via une réglementation de la chose qui ne pourra que faire évoluer le savoir faire actuel…
Ainsi nous pouvons dire que le BIM connait une insertion assez timide dans le monde de la construction algérien en ne dépassant pas le niveau 1 de maturité et cela est principalement du au fait que seul les architectes ( en grande partie) expriment cette volonté » du passage au BIM process ; et que sans volonté politique ou volonté des autres corps de métiers de la construction; ca ne restera qu’au stade de la volonté.. Parmi les avantages du BIM process nous pouvons citer: la facilité de gestion et de coordination du projet menant donc a une exécution rapide et efficace et donc un impact direct sur les couts de construction ( ce qui intéressera fortement les maitres d’œuvre et d’ouvrage); sans oublier la gestion du bâtiment pendant tout son cycle de vie. Cependant nous restons conscients des inconvénient de ce process en Algérie , en effet en absence de conscience, nous assisterons surement à une production systématique d’une architecture technique et monotone.
Pour conclure, l’intégration du BIM process dans les workflow de projets produits en Algérie devra se faire de manière progressive et prendra beaucoup de temps; car même si beaucoup manie déjà le niveau 1 de ce dernier ; peu envisage une collaboration avancée avec les autres corps de métier. Le BIM process est une révolution s’inscrivant pleinement dans le développement durable ; sujet au cœur de tous les débats , et pouvant donc résoudre plusieurs problématiques algériennes.
Nawel Manël HADDAD
(Partenariat "LIBERTÉ-Digital"/"LEAD")