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La guerre, une maladie cauchemardesque

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Charrette-Club/ LIBERTÉ-Digital Publié 10 Mars 2022 à 13:05

©D.R.
©D.R.

Après les deux grandes « guerres-mondes », l’humanité se réjouissait de la fin du cauchemar. Seulement, la tragédie de la guerre prend une autre forme de violence en faisant des victimes d'un nouveau genre. Quand on parle de victimes, l’esprit humain tend souvent vers ceux qui ont perdus la vie ou souffrant de blessures graves tout en oubliant les blessés de l’âme : cibles d’un nouveau type, grillés de l’intérieur, souffrant d’une maladie invisible : « Un stress post traumatique ».

C’est l’histoire d’un jeune militaire, victime d’une souffrance morale, sans blessures apparentes, après avoir vécu des expériences violentes liées à la guerre depuis son enfance, en étant soldat et en retrouvant une vie civile. Cet article aura pour objectif de signaler l’impact « traumatique invisible » des guerres sur les enfants, soldats et citoyens civils.

1- Mon enfance, là où ma déchirure commença …

« Je n’avais que 9 ans quand le massacre commença. Réveillé souvent par des bruits de bombardements, j’étais toujours confronté à me cacher pour me protéger, enfoui dans les bras de ma mère, tout en sentant son rythme cardiaque s’accélérer de peur et d’impuissance. On éprouvait de la gratitude à chaque fois où on échappait bel. Etre menacé de mort, être témoin visuel de l’agression ou de la mort de quelqu’un sont devenues mon rituel d’enfant. Cette horreur était supportable jusqu’au jour où j’ai assisté à l’assassinat de mon père, qui tentait de nous protéger lors d’une embuscade. Devenu pensif, j’avais du mal à réaliser ce drame sans aucune aptitude à me concentrer. Aller à l’école m’est devenu une perte de temps, il m’était inutile de faire des plans pour le futur, je ne pensais pas vivre longtemps. Victime de cauchemars incessants, je me sentais coupable de ne pas avoir pu protéger mon défunt père. Le sentiment de culpabilité m’a poussé à intégrer quelques années plus tard les forces de l’ordre afin d’apaiser ma voix intérieure et tenter de protéger les impuissants. Et là, fut le début d’une autre souffrance psychique. »

Ce vécu tragique est à l’image d’une souffrance silencieuse des enfants qui vivent dans un environnement violent, privés de leurs moments d’enfance et d’insouciance, suscitant ainsi les premiers points d’ancrage de « stress post traumatisme ».

2- Etre soldat, un mal profond …

«Risquer une blessure ou la mort, voir d’autres personnes être blessées ou tuées, devoir blesser ou tuer, être constamment en alerte : étaient mon quotidien. Sur le terrain, on se crée une carapace : après un combat, on fume une cigarette, on boit un café, on parle d’autres choses et on va se coucher. On a l’impression d’être invincible. Quand j’ai été touché par balle, je me suis rendu compte que je n’étais pas si invincible, encore moins psychiquement après mon retour à la vie civile».

Bien qu’ils paraissent sans cœurs et inatteignables émotionnellement, les soldats subissent les expériences les plus violentes sur les champs de guerre, et ne paient les conséquences qu’après le retour à la vie normale.

3- Le post guerre, une tragédie …

« Ce n’est qu’à mon retour que les signes du « stress post traumatique » devenaient plus claires et intenses. Ma vie a complètement changé. Je ne suis plus le même, j’ai peur du noir, de la foule.  J’ai aussi le sentiment d’une mission non accomplie. Un sentiment d’échec, comme s’il fallait que je disparaisse et que je porte atteinte à ma vie. Ce sentiment d’inconfort s’est accentué en attaques de panique, qui se manifestent par des pleurs, des colères, des paroles dévalorisantes et puis viennent les nuits blanches et les cauchemars. Le plus dur, était de rester dans son coin, rongé et prisonnier de douleurs morales, les poings serrés ,  luttant pour ne pas casser des meubles en répétant en boucle mes pensées noires.

Pour mes proches, j’étais une boule à retardement. En étant traumatisé, je me sentais incompris et leur attention m’est devenue insupportable. Seul face à mes démons, je tentais d’oublier par tous les moyens ce que j’avais vécu et me suis réfugié dans l’alcoolisme et la toxicomanie. J’avais un pied dans le présent et un autre accroché à mon passé , et c’est à ce moment-là que j’ai accepté mon état de détresse psychique et le besoin d’aide médicale, pour vaincre ce tourbillon traumatique».

Citoyens ou soldats «civils», bien qu’ils ne souffrent d’aucune blessure/pathologie apparente, éprouvent un rude combat intérieur une fois le combat sur terrain prend fin.

Une renaissance après le traumatisme ?

Affronter ce mal tragique souvent méconnu est un dilemme pour les enfants, citoyens, soldats traumatisés. Ayant une âme déchirée, des blessures enfouies, ces victimes doivent libérer leurs émotions bloquées : les plus profondes. La déconnexion des émotions vient souvent par instinct de survie, en entreprenant un long chemin à parcourir en associant plusieurs techniques de guérisons (thérapies, médicaments-antidépresseurs…). À partir du moment où on se permet de vivre l’émotion, la détente suit et le système se remet en route. Le traumatisme restera dans le souvenir, et on se souviendra que du moment qui suit la tragédie.

La guerre, une maladie cauchemardesque …

Au final, bien que cela puisse paraitre frustrant, la guerre est une maladie cauchemardesque. Elle s’est pas contentée de prendre des vies, mais a pris une nouvelle tournure de violence psychique dont les blessés de l’âme en sont les plus touchés.                   

                                                                                                 Yasmine SALHI

(Partenariat "LIBERTÉ-Digital"/"Charrette-club")

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