”L’humanité devra mettre un terme à la guerre, ou la guerre mettra un terme à l’humanité”
J.F.Kennedy.
”Je suis devenu la mort, le destructeur des mondes”. La création de la bombe atomique, fût, d'après ses propres mots, le plus grand regret de Robert Oppenheimer. Puisqu’il réalisa désormais que son œuvre entre les mains de l’homme, engendrerait des milliers, voire des millions, de morts.
Car en effet, l’homme s’est toujours retrouvé, depuis la nuit des temps, perdu dans un cycle infini d’autodestruction, noyé contre-courant d'une histoire vomissant une violence aussi radicale qu’inévitable. Une histoire ponctuée de sang, de cruauté et de laideur humaine.
Nous côtoyons le néant dans notre course à l'abîme depuis toujours, avant même que le premier homme posa pied sur cette terre aujourd'hui engorgée de sang. Le premier pêché humain étant notre premier pas vers une violence héritée : Caïn assoiffé de pouvoir, corrompu par la jalousie et l’envie, refoulant des ambitions mal placées, et ce, peu après la coexistence avec autrui, commis le premier meurtre que l’humanité ait connue, tua Abel , et de là, s’enchaînent les conflits.
On en compte la Shoah : l’extermination de 6 millions de juifs entre 1941 et 1945, la tentative de « nettoyage ethnique » par les Hutu au Rwanda (la mort de 800 000 Tutsi), et entre autres, les plus récents génocides en Syrie , Palestine et Yémen.
Nous nous retrouvons ainsi, en lutte pour survivre dans un monde régi par des hommes qui prétendent chercher la paix en tissant une histoire pesée d’une multiplicité de conflits nationalitaires, à tonalité raciste et probablement génocidaires. Ainsi, nous sommes imprégnés d’une culture quotidienne hantée par la rivalité et tentée par la brutalité contre « l’autre », un capitalisme transnational obsédé par l’exploitation sans fin de l’homme et dont le but est d’éradiquer le peu de principes qui nous restent.
Tant de preuves, les unes plus morbides et atroces que les autres, que nous vivons dans un monde déchiré, éraillé, défait et mal fait, où l’homme est l’ennemi de l’homme, qui devient de plus en plus cruel et criminel en évoluant, grâce à la science, telle une graine de malfaisance cultivée dans ses entrailles qui ne fait que grandir. Ceci a toujours été la perception des philosophes : que l’homme est de nature mauvais, et que par la coexistence avec son semblable, il devient encore plus féroce : ne pouvant vivre sans guerre et violence, c’est au final par la guerre qu'il évolue et garantit son espoir d'exister.
Héraclite, un philosophe grec l'affirme en disant ”la lutte est la règle du monde et la guerre est la mère commune et maîtresse de toute chose”
On conclut que si l’homme ne change sa nature –qui n’est ni faisable ni probable d’aussi tôt- il ne pourra jamais vivre en paix avec son frère. Car pour établir cette paix, il faut la précéder par un conflit, un conflit avec une partie vaincue et une autre victorieuse, et la haine de perdre sera toujours en celle qui a été battue. Une haine qui déclenchera éventuellement un autre conflit. Une histoire qui se répète sans cesse.
La guerre froide en est le plus grand exemple : une paix établie après la deuxième guerre mondiale qui n’a pas duré longtemps, très vite un autre conflit en a émergé.
Aussitôt, l’ensemble des horreurs et des destructions titanesques du siècle passé ont suscité une banalisation du conflit, de l’inhumanité et de la guerre ; d’où l’indifférence des populations et leur silence face aux souffrances causées par la barbarie des hommes dont l’écho raisonne de toute direction.
Un silence et une insouciance persistants qui ont conduit des puissances sorties en vainqueurs du nazi-fascisme à développer une notion de supériorité, une certaine prétention résultant en une auto légitimité de la guerre sous prétexte de « libération » ou à titre « défensif », ou autre. On se retrouve donc, trôné par des puissances qui ne reconnaissent aucune autorité politique ou juridique supérieure. Les Etats-Unis d’Amérique, la Russie, la Chine et Israël entre autres, des Etats qui se sont réservés le statut du bienfaiteur, du martyr, du juge ou du protecteur, selon le besoin, un titre souvent dicté par la race, l'ethnicité et la religion du narrateur –une réalité dystopique qu’on ne peut désormais nier–
Des siècles, hélas, que l’humanité s’enfonce dans l’aven de la bestialité, dans le déni, dans le dédain et la banalité de la guerre. Nous sombrons, depuis des années, et souffrons les conséquences de nos actes. Prophètes de l’apocalypse, témoins de notre péril, la guerre devient-elle notre quotidien ? la mort notre ordinaire ?
« L’homme est un loup pour l’homme », Hobbes.
Le monde est l’homme et l’homme est le monde. L’homme est la guerre et la guerre marquera-t-elle la fin de ce monde?
Kamilia AYAD
(Partenariat "LIBERTÉ-Digital"/"Charrette-club")