Triste comme le regard de Kusanagi, incompréhensible (pas pour tous) comme les paroles de Puppet Master, mélancolique comme la musique de Kenji Kawaï, telle est l'atmosphère actuelle dans, et autour de "Liberté". Ici, le lien a été établi entre une œuvre cinématographique, et la situation du journal. Les noms cités au début de ce texte sont effectivement en relation avec « Ghost in the shell » (littéralement : « L’âme dans une coquille »), un film d’animation, sorti en 1995, devenu culte et qui a inspiré plusieurs autres productions du 7e art . Cette œuvre futuriste (jusqu’à nouvel ordre !) revient ainsi sur une quête d’identité d’un androïde. Mystique et philosophique, « Ghost in the shell » (G.I.T.S) a posé plus de questions qu'il n'a donné de réponses sur les mutations des humains. En essayant de disséquer la relation entre le corps et l’âme, le film a lancé de nombreux chantiers sur lesquels pataugent, à ce jour, de nombreux cinéastes.
Le parallèle avec le futur ex-journal est dans la forme et le fond. Le corps de G.I.T.S étant la version papier et l’âme le contenu. C’est qu’il faut bien distinguer entre la distribution de papier et les idées véhiculées.
Si "Liberté" était un idéal alors sa disparition "physique" ne peut pas être considérée comme une fin. Si ce journal, dont le dernier numéro sera disponible chez les buralistes jeudi prochain, n'était qu'un ensemble de pages noircies, alors son extinction sera facile à digérer. S'il n'était pas considéré comme un contenu se distinguant des autres, alors il ne pourra pas être regretté.
La forme est bien moins importante que le fond. C’est crucial de le mentionner et de le rappeler pour ceux qui l’auraient oublié. Dans l’esprit de G.I.T.S, il était question surtout de transhumanisme, une transition pour marteler que le temps est venu de s’adapter au transjournalisme.
Salim KOUDIL
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