Quatre ministres des Affaires étrangères, dont l’Algérien Ramtane Lamamra, se sont rendus hier à Moscou dans une mission de bons offices. Une initiative diplomatique qui s’ajoute à d’autres dans l’espoir de résoudre le conflit russo-ukrainien.
Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a été reçu hier, en compagnie des ministres des Affaires étrangères du Soudan, d'Irak et d'Égypte, en sus du Secrétaire général de la Ligue arabe, par le ministre des Affaires étrangères russe, Sergei Lavrov. Cette visite, entrant dans le cadre du groupe de contact arabe, intervient dans un contexte de guerre entre la Russie et son voisin l’Ukraine.
Une visite dont l’objectif est de lancer des concertations avec les parties en conflit en vue de parvenir à un apaisement et trouver une solution politique reposant sur le droit international. “Les ministres arabes prendront connaissance des positions et des préoccupations des deux parties, à la lumière des derniers développements sécuritaires et politiques de la crise ukrainienne, et évoqueront les voies et moyens de la contribution du groupe de contact arabe aux efforts d'apaisement, dans le but de rapprocher les vues afin de trouver une solution politique rapide qui repose sur les principes du droit international et la Charte des Nations unies et prend en compte les préoccupations de toutes les parties”, a souligné, à ce titre, un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
En somme, le groupe du contact arabe, dont la création a été approuvée par le Conseil des ministres de la Ligue arabe lors de sa 157e session, tenue le 9 mars dernier au Caire, se donne l’ambition de mettre un terme à cette guerre qui entre dans sa neuvième semaine, depuis l’invasion par l’armée russe de l’Ukraine, le 24 février 2022, sur ordre du président russe Vladimir Poutine.
Concrètement, les ministres des Affaires étrangères arabes mèneront des discussions avec d’abord le ministre des AE russe, avant de s’envoler en Pologne et rencontrer les dirigeants ukrainiens, à Varsovie, selon toujours le communiqué.
Il s’agira de prendre connaissance des positions et des préoccupations des deux parties, à la lumière des derniers développements sécuritaires et politiques de la crise ukrainienne. Le groupe de travail parviendra-t-il à des résultats pouvant ouvrir la voie à une solution politique à la guerre ?
L’Algérie dont les relations avec la Russie sont connues pour être historiques, réputée pour être un grand client de l’armement russe, devra faire valoir cet argument et tenter de peser de tout son poids pour parvenir à un début de solution politique. De la même manière, les pays du groupe de contact arabe, ont préservé jusque-ici une forme de neutralité par rapport à ce conflit.
La composition des pays formant cette délégation n’est donc pas anodine. Il faut rappeler que l’Algérie, le Soudan et l’Irak s’étaient abstenus lors du vote de la résolution condamnant l’offensive russe, le 2 mars dernier. L’Égypte et la Jordanie, quant à eux, ont voté en faveur de cette résolution, mais, comme de nombreux pays arabes, ils restent prudents et privilégient la neutralité.
Le 28 février dernier, la Ligue arabe avait déjà adopté un communiqué final neutre dans lequel elle a appelé à la “retenue” et plaidé en faveur d’une “solution diplomatique” au conflit. Autant donc ils entretiennent une relation de confiance avec la partie russe, autant ils entretiennent des rapports apaisés avec l’Occident, une autre partie du conflit dans cette équation complexe.
Ni fâchés avec les Russes ou les Ukrainiens, ni en désaccord avec l’Occident, les pays arabes peuvent légitimement parier sur le succès de leur initiative et constituer une sorte de voie médiane et espérer œuvrer pour la mise en place d’un cadre propice aux discussions et faire taire les armes.
KARIM B.