Après une accalmie de plusieurs semaines, la wilaya de Biskra connaît, ces jours-ci, un rebond inquiétant de la pandémie de coronavirus, touchant de nombreuses régions, notamment le chef-lieu de wilaya. En effet, les soignants travaillant à l’hôpital Hakim-Saâdane, l’hôpital central dédié à la prise en charge des personnes contaminées, ainsi que les équipes médicales qui se déplacent à titre bénévole chez les malades confinés à domiciles, sont à pied d’œuvre pour essayer de maîtriser la situation.
Contactée par Liberté, l’infectiologue Nedjma Reddas, connue à Biskra pour le rôle important qu’elle a joué lors des deux vagues précédentes ayant lourdement frappé la région, a indiqué que “les cas de Covid enregistrés au niveau de cet hôpital sont en hausse inquiétante”. “Nous avons au moins 50 hospitalisations, dont la majorité est de Biskra ville. Plusieurs personnes susceptibles d’être atteintes de la maladie viennent quotidiennement pour une consultation et un avis médical”, a-t-elle précisé. Selon elle, la plupart des patients hospitalisés à l’hôpital Hakim-Saâdane sont des hommes adultes, âgés de plus de 50 ans, et se trouvent dans leur majorité dans un état critique, en réanimation. “L’hôpital enregistre plusieurs cas en réanimation. Et les symptômes qu’ils présentent sont presque les mêmes que ceux observés lors des deux vagues précédentes. Nous avons aussi observé chez certains malades des complications thromboemboliques (accident vasculaire cérébral, infarctus de myocarde, ischémie des membres inférieurs…), et des insuffisances rénales graves aussi”, a détaillé le Dr Nedjma Reddas. “Nous ne savons pas encore à quel type de virus nous avons affaire. Il nous est impossible de savoir avec exactitude de quoi il s’agit, avec la présence de virus mutés”, a-t-elle lâché, avant de poursuivre : “L’Institut Pasteur est le seul à pouvoir définir la nature de ces virus présents en Algérie et dans chaque région. Tout ce que l’on peut dire aujourd’hui, c’est que l’on déplore un décès au moins toutes les 24 heures et le service de réanimation est vraiment saturé, et si ça continue à rythme-là, nous serons contraints d’ouvrir d’autres unités de prise en charge des cas Covid”.
À une question sur les raisons principales de ce rebond inquiétant, l’infectiologue a pointé un doigt accusateur les citoyens qui, selon elle, ont complètement abandonné les mesures de prévention et de protection contre la maladie. Il est à noter, par ailleurs, que le personnel médical exerçant dans cet hôpital est “à bout de force, physiquement et psychologiquement”, a déploré le Dr Reddas. Selon elle, cela est principalement dû “au nombre insuffisant de soignants par rapport au nombre d’hospitalisés”.
H. BAHAMMA