En quittant Alger, hier, au terme d’une visite de trois jours, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, même quelque peu fragilisé chez lui, a pu probablement se rendre compte de la centralité que constitue la question palestinienne chez les dirigeants et de larges pans de l’opinion algérienne.
Il a eu droit à tous les honneurs de la République : tapis rouge, des coups de canon, un dîner d’État et une médaille. Et dans sa hotte, une contribution financière de l'ordre de 100 millions de dollars à l'État de Palestine, en sus de l'attribution de 300 bourses au profit des étudiants palestiniens.
En quittant Alger, hier, au terme d’une visite de trois jours, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, même quelque peu fragilisé chez lui, a pu probablement se rendre compte de la centralité que constitue la question palestinienne chez les dirigeants et de larges pans de l’opinion algérienne.
“L’Algérie qui a embrassé, peuple et gouvernement, la cause palestinienne et l'a défendue dans tous les fora internationaux et régionaux constitue pour nous une question de loyauté à notre glorieuse histoire de libération et aux lourds sacrifices consentis par nos prédécesseurs qui ont justement cru à la justesse de la cause palestinienne”, a assuré Abdelmadjid Tebboune à son homologue palestinien lors d’une conférence conjointe tenue lundi en fin d’après-midi.
D’ailleurs, elle devrait être au centre des débats du Sommet arabe prévu au printemps prochain à Alger. “L’Algérie œuvre à placer la question palestinienne au centre des priorités du Sommet arabe prévu à Alger en mars prochain”, a affirmé Tebboune.
Et peu avant ce sommet, Alger entend organiser une conférence inclusive de toutes les factions palestiniennes. Une initiative saluée déjà par Mahmoud Abbas lui-même et par le mouvement islamiste Hamas qui contrôle la bande de Gaza.
S’il faut sans doute se garder de toute conclusion hâtive, il reste que l’ambition de voir le prochain sommet déboucher sur une éventuelle position arabe unifiée, sur la base de l’initiative arabe de paix de 2002, s’annonce laborieuse pour au moins trois raisons : il y a d’abord l’impasse dans laquelle se retrouve le processus de paix. Depuis au moins une quinzaine d’années, en effet, peu de choses ont évolué.
Mais pis encore, l’État hébreu a poursuivi durant toute cette période la colonisation, réduisant les territoires palestiniens à une portion congrue et rendant encore plus complexes les efforts pour l’établissement de deux États. Ensuite, il y a le processus de normalisation engagé par de nombreux pays arabes dont le dernier en date est le Maroc, en attendant probablement d’autres.
Enfin, le peu d’engagement affiché par les Occidentaux, particulièrement l’Union européenne, peu influente, qui se contente du strict minimum à travers une aide accordée à l’Autorité palestinienne.
Si l’on y ajoute la complaisance américaine, peu encline à la relance du processus, la mainmise de l’Égypte et des monarchies du Golfe sur la Ligue arabe, et les divergences intrapalestiniennes, autant dire que la remise sur les rails d’un processus diplomatique à l’occasion du prochain sommet apparaît difficile.
Au regard des nouvelles donnes, tout se passe aujourd’hui comme si beaucoup ne cherchent pas à relancer le processus. Mais pour Alger, un des rares pays qui manifeste un soutien indéfectible à la cause palestinienne et hostile à toute normalisation avec Israël, au-delà des préparatifs du prochain sommet, la visite de Mahmoud Abbas vaut aussi pour sa symbolique et les messages y afférents qu’elle entend délivrer notamment à son voisin de l’Ouest.
Dans un contexte de forte tension entre les deux pays, dont les relations diplomatiques sont rompues depuis août dernier, Alger, qui n’a pas vu d’un bon œil l’arrivée des Israéliens près de ses frontières, entend réaffirmer son attachement à la cause palestinienne, comme pour suggérer à son voisin de l’Ouest que la rupture est désormais consommée.
Aussi, une manière peut-être de titiller la fibre des opinions locales, très sensibles à la question palestinienne.
En s’investissant dans la cause palestinienne, au-delà de la position dogmatique, Alger vise probablement à se replacer sur un échiquier géostratégique en pleine mutation, mais aussi à susciter l’appui de l’opinion dans laquelle beaucoup voient aujourd’hui la planche de salut pour une cause qui a perdu sa centralité chez beaucoup de pays arabes.
Karim K.