L’Actualité Les comptes courants de la commune d'Oran gelés

Grève générale des travailleurs

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Arezki M. Publié 28 Mars 2022 à 09:44

Une grève générale et “spontanée” des travailleurs de la commune d’Oran a paralysé, toute la journée d’hier, les services de cette collectivité locale. Ce mouvement de contestation a été enclenché par les travailleurs pour protester contre le retard dans le versement des salaires. Des centaines de grévistes, dont une majorité d’employés du service de nettoiement, ont organisé un rassemblement de protestation devant le siège de l’APC d’Oran, boulevard de La Soummam, pour exiger le versement immédiat des salaires.

Les contestataires, en colère, ont également dénoncé la détérioration de leurs conditions de travail. “Nous n’avons pas touché nos maigres salaires depuis presque deux mois. Nous vivons avec nos familles dans le dénuement total. Mon salaire de base est de 9 000 DA. Je touche une paie mensuelle, toutes primes incluses, de 21 000 DA. Déjà avec ce misérable salaire, je n’arrivais plus à m’en sortir, et maintenant, ils nous ont bloqué la paie depuis début février dernier”, affirme Hamid, employé au service de nettoiement de cette collectivité locale. Il appelle ses collègues à la rescousse pour étayer ses dires. Les plaintes fusent de partout : “Je n’ai pas d’argent pour acheter un sachet de lait à mes enfants”, “Je dois payer un loyer mensuel de 17 000 DA, si ce problème n’est pas réglé, je vais me retrouver avec ma famille dans la rue”… 

La colère se lisait sur tous les visages et les contestataires étaient plus que déterminés à aller jusqu’au bout de ce mouvement de contestation.  À la revendication principale de versement des salaires bloqués, qui a initialement fait sortir les travailleurs à la rue, sont venues s'ajouter d’autres revendications socioprofessionnelles. Les protestataires ont ainsi brandi des pancartes pour réclamer la revalorisation de leurs salaires de base actuellement plafonnés à 9 000 DA pour les aligner sur le nouveau SNMG de 20 000 DA, de meilleures conditions de travail et le versement des primes en souffrance. Certaines primes, à l’image de la prime d'ancienneté, sont bloquées depuis 2014. 

Les travailleurs disent ne pas avoir non plus touché la prime de scolarité depuis 2019. Les délégués des contestataires soutiennent que les employés du service de nettoiement exercent dans des conditions difficiles tout en percevant des “salaires de misère” qui n’arrivent plus à satisfaire le strict minimum à leurs familles. “Nous n’avons ni vêtements de travail, ni chaussures, ni moyens de protection et encore moins une prime pour les risques sanitaires”, regrettent les concernés. 

Ce mouvement de contestation “spontané”, qui n’est pas encadré par le syndicat des travailleurs de l’APC d’Oran, a été observé par l’ensemble des travailleurs. Ce qui témoigne de l’existence d’un ras-le-bol général parmi le personnel de cette commune.  Le président de la commission de santé, hygiène et environnement de l'APC d'Oran, Benamara Amine, contacté à ce propos, approuve toutes les “légitimes revendications des travailleurs” tout en précisant que la commune est désormais “à découvert” et que “tous les comptes courants ont été bloqués par les créanciers sur décisions de justice”.

“Les dettes de la commune d’Oran cumulées durant l’ancien mandat de l’exécutif communal ont atteint 620 milliards de centimes. Les créances de la seule société Sonelgaz sont estimées à 24 milliards. Ce lourd héritage plombe tous les efforts de la nouvelle équipe des élus. Les sommes déposées sur les comptes courants de la commune ont été gelées à la suite des décisions de justice. Les créanciers ont déposé des grosses de jugements judiciaires définitifs, et de ce fait, la commune d’Oran n’a plus accès à ses comptes courants. Il faut savoir que l’APC, qui emploie plus de 6 000 travailleurs, a besoin annuellement de 60 milliards de centimes pour régler les salaires”, précise notre source. Et d’enchaîner : “Cette situation ne concerne pas uniquement les travailleurs, les élus (chargés de mission) n’ont pas été payés depuis trois mois.” 

Le chef de l’exécutif local a été saisi par le maire d’Oran afin de “trouver une solution d’urgence pour le versement des salaires des travailleurs”, mais selon des sources concordantes, le paiement à découvert des salaires ne peut s’effectuer sans les autorisations préalables du Trésor public. 

 

 

 Arezki M.

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