“Faut-il s’arrêter et déposer le bilan ou continuer l’activité en travaillant à perte dans le bâtiment et les travaux publics ?” C’est la question que pose le représentant de la Confédération générale du patronat BTPH et de l’Union générale des entrepreneurs de la wilaya de Souk Ahras, qui se désole de la situation désespérante que traversent les professionnels du secteur depuis au moins deux ans. Situation que les négociations que ses co-élus et lui-même ont eues à maintes reprises avec les pouvoirs publics, sur les questions de respect des clauses des marchés publics contrariées par l’augmentation sensible et continue des prix des matériaux de construction, des cessations de paiement et des mesures économiques et fiscales visant la filière du BTP, n’ont fâcheusement pas réussi à assainir. Insistant sur l’ascension des coûts sur le marché du rond à béton, du bois et du cuivre, pour ne citer que ces matériaux, cet élu dénonce l’attitude de l’administration locale qui refuse obstinément de tenir compte de cette réalité et de procéder à l’actualisation et à la révision des prix, comme le prévoit le code des marchés publics. Amar Berrig assure qu’à ce jour, la plupart des entreprises – petites et grandes – touchées de plein fouet par la crise liée à l’épidémie de Covid-19 sont menacées de faillite, affirmant que nombre d’entre elles ont été “injustement blacklistées” et sont quasiment sur la paille.
Et de souligner l’impact social qu’ont induit ces blocages, vouant à la perte des centaines d’emplois, sans parler de l’humiliation dont font l’objet des entrepreneurs ruinés qui n’ont pu s’acquitter des salaires de leurs employés ou des dettes qu’ils ont contractées avec leurs fournisseurs. “Certains parmi les professionnels, qui étaient pourtant réputés pour leur solvabilité, ont dû subir, la mort dans l’âme, l’infamie de leurs créanciers. Ils ont été harcelés jusque dans leur domicile par des travailleurs qui n’avaient pas été payés des mois durant”, regrette encore le chef du bureau de wilaya de la Confédération générale du patronat BTPH.
Cela, avant de revendiquer le paiement aux entrepreneurs qui y ouvrent droit de leurs situations bloquées depuis trois ans et le manque à gagner durant toute cette période. “Le contrôleur financier ne respecte pas le visa qu’il a lui-même accordé à des marchés publics et dont les travaux ont pourtant été exécutés dans les règles de l’art. Ce vis-à-vis incontournable rejette systématiquement, souvent pour des prétextes futiles, les situations qui lui sont présentées par les entrepreneurs, alors qu’entre-temps les prix des matériaux augmentent sans cesse”, ajoute M. Berrig.
Ce dernier ne s’arrête pas à ces griefs et met en cause l’administration fiscale et parafiscale, qui persiste à imposer et à appliquer des pénalités de retard aux entreprises sans tenir compte de la situation exceptionnelle que traversent le pays et les services qui ont pour mission d’accompagner la main-d’œuvre que la pandémie a mise, malgré elle, dans l’incapacité de travailler, en la faisant profiter des aides accordées officiellement par l’État. Avant de conclure, le représentant des entrepreneurs lance un appel au wali de Souk Ahras et aux plus hautes instances du pays pour qu’ils se penchent sur la situation périlleuse dans laquelle ses pairs se trouvent.
A. Allia