Le débrayage auquel a appelé l’intersyndicale du secteur de la santé pour la journée d’hier a été largement suivi par le corps médical dans différentes régions du pays. Outre l’organisation d’une grève, les professeurs, les praticiens et les infirmiers ont tenu des sit-in, comme cela était convenu, à l’intérieur de leurs établissements respectifs. Ainsi, à Sétif, une grande foule composée de professeurs et autres praticiens de rang magistral, des médecins généralistes et des paramédicaux ont organisé, dans la matinée, un rassemblement à l’entrée du CHU Saâdna-Mohamed-Abdennour du chef-lieu de wilaya, en réponse au mot d’ordre de l’intersyndicale.
“Cela fait longtemps que nous n’avons pas vu une foule pareille participer à un sit-in des personnels du secteur de la santé. Je suis très satisfait et nous souhaitons que les responsables répondent favorablement à nos revendications”, nous dira le Pr Mohamed Hamadouche, président de la section locale du Syndicat des enseignants hospitalo-universitaires de Sétif. “Le personnel de la santé a payé un lourd tribut durant cette pandémie de Covid-19 qui n’est pas près de s’arrêter”, a tenu à dire à Liberté le Pr Hamadouche. Puis de renchérir : “Nos principales revendications sont, notamment, le virement régulier de la prime Covid-19, la bonification de la retraite, la reconnaissance de la Covid-19 comme maladie professionnelle pour le personnel de santé, l'assurance totale (100%) pour le personnel de santé, le versement d'un capital décès aux ayants droit des personnels de la santé victimes de la Covid-19 et l'amélioration des conditions de travail.”
À Jijel, les personnels de santé ont, eux aussi, observé, hier, des sit-in de protestation dans certains établissements hospitaliers. Leur mot d’ordre a porté sur des revendications socioprofessionnelles, notamment le règlement des tranches de la prime de la Covid-19 non payées, ainsi qu’un certain nombre de points retenus dans la plateforme de revendications rédigée par l’intersyndicale. Toutefois, certains ont tenu à dénoncer les examens retenus pour bénéficier d’un glissement catégoriel, appelant à leur annulation et exigeant une promotion automatique dans leur carrière professionnelle. “Pourquoi ces examens, alors qu’il ne me reste que quelques années pour partir en retraite ? Qu’ils tiennent d’abord leurs promesses, ces examens ne servent à rien, nous travaillons dans des conditions pénibles, c’est l’amélioration des conditions de travail qui doit primer”, fulmine, d’emblée, Brahim, un paramédical de l’EPH Bachir-Mentouri d’El-Milia, qui a pris part à ce sit-in.
“Nous avons réitéré notre adhésion aux revendications de l’intersyndicale contenues dans la plateforme signée par les trois syndicats. Mais aujourd’hui, notre union est allée encore plus loin quand infirmiers et médecin se sont rassemblés pour que nos voix soient entendues. Nous travaillons dans les mêmes conditions et nous faisons face aux mêmes difficultés. L’union de l’intersyndicale nationale s’est manifestée, ici, à l’échelle locale”, lance, pour sa part, le coordinateur local du SNPSP. Ce dernier a indiqué que le corps médical de l’EPH Medjdoub-Taher a tenu un rassemblement similaire pour adhérer au même mot d’ordre de l’intersyndicale. À Oran également, médecins et paramédicaux ont organisé un sit-in à l’entrée du CHU d’Oran pour protester contre leurs conditions de travail et la dégradation continue du pouvoir d’achat face à l’effrayante hausse des prix à la consommation.
Adhérant pleinement aux revendications portées par le Snechu, le SNPSP et le SAP dans leur appel à la grève, les protestataires ont exhorté la tutelle à ne pas se détourner de “demandes légitimes et justifiées”. Il nous a, malheureusement, été impossible de joindre la Direction de la santé d’Oran pour une estimation du taux de participation au débrayage. Contrairement aux autres régions, le débrayage des professionnels de la santé publique de la wilaya de Béjaïa n’a pas vraiment impacté les activités médico-chirurgicales au niveau des structures sanitaires de la région.
Bien que cette journée de protestation ait été ponctuée par l’organisation, dans la matinée d’hier, de sit-in dans l’enceinte des établissements de la santé, la continuité des soins dans différents services hospitaliers a été assurée. En tout cas, c’est ce que nous avons constaté, hier, dans les structures relevant du centre hospitalo-universitaire (CHU) Khellil-Amrane de Béjaïa. Il y a lieu de signaler que des actions similaires ont été organisées, toujours dans la journée d'hier, dans différents établissements publics de santé de proximité (EPSP) de la wilaya de Béjaïa.
Correspondants