L’Actualité Souffles

Ces faits divers qui sont devenus le quotidien sociétal

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Amin ZAOUI Publié 27 Janvier 2022 à 09:43

© D.R
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Il ne faut jamais banaliser ce qui ce qui se passe sous nos yeux, dans notre société. Il faut l’analyser. Le dénoncer. Ne jamais tolérer le mal. Face au mal, le silence est un crime contre la vie.  Il y a toujours une première fois. La première fois est devenue une fidélité. Les faits divers ne sont plus des faits divers ! Ils sont le centre du centre dans notre société. Ils sont le quotidien. Le tolérable. Ils sont le moulin qui broie l’espoir face à notre carence. Il ne faut jamais détourner le regard. Bien fixer ce qui se passe autour de nous.  On assassine une jeune fille. Un fait divers. On la brûle vive, sur un terrain vague. Un fait divers. On jette une épouse du quatrième étage.

Un fait divers. Le corps fracassé sur le trottoir, sous les yeux des voisins et voisines, passants et passantes. Un fait divers. On égorge une amie sous le silence lâche des copains et des copines. Un fait divers. Et comme à chaque “fait divers”, les médias nous présentent cet acte féminicide comme une défense de l’honneur familial. L’absence de responsabilité des parents de la victime. Faute de la jeune femme parce qu’elle a osé sortir avec un jeune homme, dans un lieu isolé, en plein jour ou pleine nuit ! 

Il n’y a pas de fait divers isolé !   
La justice parle de crime d’honneur. L’homme a le droit de sauver son honneur par l’arme et par la mort. Tuer sa sœur, sa mère, sa fille, sa femme, sa cousine, sa voisine relève d’une culture ancestrale ! Et pour justifier l’injustifiable, on déterre des textes de quatorze siècles. Le féminicide n’est pas un fait divers. C’est un crime sanguinaire. Un crime abject. Un crime contre la vie. Une femme harcelée en pleine rue, à midi ou à minuit, peu importe, sur un boulevard ou dans une ruelle, peu importe, dans une ville ou dans un village, peu importe, et l’affaire, comme à l’accoutumée, est classée dans la rubrique appelée “faits divers”. Et dans les journaux bavards ou buvards, les journaleux trouveront une justification aux harcèlements : les femmes ont envahi les rues. Les femmes s’habillent d’une façon provocante. Les femmes conduisent de belles voitures. Les femmes sont arrivées à la politique. Les femmes gouvernent. Les femmes se masculinisent !
Le fait divers est devenu un fait sociétal quotidien.  
On lit dans quelques médias, dans la rubrique faits divers, qu’un maître a abusé sexuellement des petits enfants ou des petites filles, à l’âge de la crèche. Puis le silence hypocrite. Aucune condamnation ferme. On cherche des excuses pour sauver la face du criminel. On oublie et on recommence, dans une autre école, dans un autre village, avec un autre maître, avec d’autres enfants. Et on trouvera d’autres excuses. Et silence !    
Nous ne sommes pas une société en bonne santé ! Ça fait mal partout ! 
On constate la consommation de toutes les drogues, les dures et les douces, par des collégiens, des élèves des écoles primaires, des dealers en bas âge... Un phénomène flagrant et les journaux, et les chaînes de télévision le présentent comme un fait divers ! Pas grave ! 
Des milliers de pauvres Africains, des enfants, des hommes, des femmes, des jeunes filles envahissent les rues dans toutes les grandes et les moyennes villes, ils font la manche, ils exercent tous les travaux au noir, cela dure depuis vingt ans et ce n’est qu’un fait divers ! 
Une femme tuée par un raqi, une deuxième, une troisième, une centième, à Alger, à Oran, à Sétif, à Maghnia, à Biskra, à Annaba, à Constantine, à Tizi Ouzou, à Béjaïa… et nos médias casent, ou cachent, l’affaire dans la rubrique “faits divers” ! 
Sous ce silence complice, la société vit les actes criminels d’inceste : une maman violée par son fils, une fille par son père, une grand-mère par son petit-fils... des milliers de cas dans des grandes villes, des petites villes, de l’intérieur, du Sud, du Nord, tous âges confondus. Et les journaux, comme la justice, classent, encore une fois, l’affaire comme un simple fait divers !
Ainsi, notre vie sociale est devenue un fait divers ! La rubrique “faits divers” est le cimetière de nos maux sociétaux les plus effrayants. 

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    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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