“Je n’ignore pas votre situation, mais si vous pouviez écrire un article sur la grève de la faim de Merzoug Touati...” C’est le SMS que m’envoie l’épouse du bloggeur Merzoug Touati, jeudi dernier. Fahim Ziani, le gérant de la salle des fêtes “Vit la joie” me sollicite, la même journée, pour évoquer la situation des gérants et exploitants des salles des fêtes.
Hakim Abdefettah m’a invité, quant à lui, lundi dernier à la cinémathèque de Béjaïa pour une projection-débat en présence de réalisateurs de lettres filmées de l’atelier Image de jeunes. Il s’agit en l’occurrence de films, réalisés en partenariat avec les rencontres internationales Aflam de Marseille, encadré par Hakim Abdelfettah et Mohamed Yargui. La même journée, la directrice de la Formation professionnelle de Béjaïa, Mme Menzou, comptait beaucoup sur ma contribution pour la semaine de la formation professionnelle.
C’est cela le quotidien du journaliste que je suis et de ses rapports avec les différents acteurs de la vie sociale, culturelle, économique et politique dans la wilaya de Béjaïa et à l’échelle du pays. Ces échanges, survenus durant cette ultime semaine avant la disparition du paysage médiatique algérien de Liberté, témoignent, si besoin est, de la place qu’occupe le journaliste, le correspondant ou le localier, dans sa région. Avec plus de 12 années à Liberté – près de 30 ans dans la presse, notamment à La Tribune, j’ai appris à travailler et surtout à me corriger et à me parfaire au contact des citoyens lambda, des syndicalistes, des animateurs associatifs, des artistes, des écrivains, des opérateurs économiques et des acteurs politiques.
J’ai traité de leurs actualités en étant fidèle au contenu de leur message. J’ai l’impression d’avoir réussi parfois à le faire passer même si cela n’est pas toujours évident. Mais si les gens ont continué à me solliciter – y compris en cette ultime semaine –, c’est que quelque part la confiance est toujours là. Et c’est cela qui va me manquer et qui me touche au plus profond de moi. Au fil de ces décennies, j’ai eu à couvrir plusieurs mouvements sociaux (la grève du cartable en 1994-95), les émeutes ayant éclaté après l’assassinat de Matoub Lounès, les événements d’avril 2001 (Printemps noir), mais aussi des grèves dans le secteur économique et dans la fonction publique. J’ai couvert aussi plusieurs élections (présidentielles, législatives, les locales, des référendums, etc.).
Le journaliste que j’étais a pris une part en outre au succès des cafés littéraires en rendant compte – toujours aussi fidèlement possible – des rencontres entre les auteurs et leurs publics. Les journalistes étaient la courroie de transmission entre les animateurs des cafés littéraires, à leur tête ceux de Béjaïa, les auteurs – écrivains, sociologues, anthropologues, économistes et journalistes – et leurs publics. Il en était de même avec les animateurs des rencontres cinématographiques : Project-heurts, Cinéma et Mémoire et l’atelier, mis en place au niveau de la maison de la culture de Béjaïa. C’est le même rapport aussi avec les comédiens et metteurs en scène du théâtre, des vedettes de la chanson, moderne, chaâbie et andalouse. Je pense notamment à l’association Ahbab Cheikh Saddek Lebdjaoui et de cheikh Mohamed Raïs.
À l’instar de mes autres confrères, le journaliste que j’étais a essayé d’accompagner, du mieux qu’il le pouvait, les opérateurs économiques dynamiques de la région. Du secteur aussi bien public que privé. Beaucoup d’entre eux s’étaient même prêtés au jeu en acceptant de parler parfois chiffres. Ce n’était pas toujours le cas, bien sûr. Je les sollicitais notamment pour donner leur point de vue sur des sujets d’actualité ou pour des dossiers. C’est le cas aussi des membres de la Chambre de commerce et d’industrie Soummam et autres organisations patronales, ou encore des enseignants universitaires en fonction de leur domaine de compétence. Le même rapport est entretenu avec certains acteurs institutionnels, pas tous malheureusement. Je pense notamment à la Chambre de wilaya d’agriculture, de la direction de l’agriculture, du commerce, de l’environnement, des transports.
Les acteurs sociopolitiques, actifs au niveau de leurs organisations respectives ou partis politiques, sont en contact permanent avec les journalistes. Ils répondent aux sollicitations des journalistes pour leur confirmer ou infirmer l’information.
Ils ont des élus au niveau des assemblées locales ou des organisations syndicales. Ceux-ci ont toujours besoin d’être en contact avec le journaliste. Certains se sont mis à écrire et à publier des recueils de poésie ou des nouvelles ; d’autres, leurs premiers romans ou les témoignages de membres de leurs familles. C’est ainsi qu’ils sollicitent le journaliste sur le contenu du livre pour avis. Et ensuite pour un compte rendu. Cela, pour dire que ces acteurs sociopolitiques sont toujours en contact, même s’ils déplorent l’absence de leur support, Liberté.
L’Actualité
Bougie sans “Liberté”
M. OUYOUGOUTE Publié 14 Avril 2022 à 12:00
Mumtimedia Plus
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Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va
Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.
Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00
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Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté
Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.
Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00