Les victimes de cette agression sont toutes originaires d’autres wilayas.
Ce qui s’est passé à Bordj Badji-Mokhtar, il y a quelques jours, a failli se reproduire à Biskra, n’était la sagesse des victimes qui ont su gérer la situation. En effet, hier, vers trois heures du matin, des enseignantes colocataires d’un logement de fonction qui leur a été attribué par les services de l’éducation en coordination avec ceux de l’OPGI, dans le cadre de la plateforme nationale de recrutement des enseignants, ont été agressées par un individu qui est toujours en fuite.
Les victimes de cette agression dont on ne connaît pas encore le nombre exact -trois, selon certaines sources, deux, selon d’autres -, sont toutes originaires d’autres wilayas, affectées à Biskra. D’après nos sources, l’assaillant s’est introduit dans leur appartement situé au rez-de-chaussée, après avoir arraché les barreaux d’une fenêtre de la façade donnant sur une montagne.
Une fois à l’intérieur, il les a sommées de ne pas réagir, et de garder leur calme pour éviter le pire. Selon ces sources, dont des syndicalistes du secteur de l’éducation, qui condamnent fermement et à l’unanimité cet “acte abject”, le logement en question se situe au quartier des 150-Logements d’El-Alia, le coin le plus chaud de la ville de Biskra où les agressions et les bagarres rangées entre gangs se produisent quasiment quotidiennement.
Armé d’un couteau, l’assaillant aurait, avant de prendre la fuite, délesté les victimes de leurs ordinateurs portables et de leurs smartphones, ainsi que d’autres effets dont on ignore pour l’heure la nature. Alertés, les services de sécurité sont intervenus, et ont ouvert une enquête pour élucider avec exactitude les tenants et les aboutissants de cette affaire qui a suscité une grande indignation dans la population ainsi qu’au sein de la famille de l’éducation.
Après cet incident, Me Messaoud Amraoui, membre du bureau national de l’Union nationale des personnels de l’éducation et de la formation (Unpef), et porte-parole de ce syndicat, originaire de la région, n’a pas tardé à réagir. Selon lui, son syndicat a déjà porté au ministère de tutelle les doléances des enseignantes exerçant très loin de leurs lieux de résidence.
“J’ai, personnellement, adressé une lettre au ministre de l’Éducation faisant état du désir de ces dernières, qui travaillent très loin de chez elles, d’être réaffectées dans leurs régions. J’ai même alerté les responsables supérieurs du secteur de l’éducation sur les circonstances dans lesquelles ces enseignants exercent leur métier, notamment la gent féminine, pour laquelle la situation est encore difficile”. “Mais rien n’a été fait”, déplore-t-il.
Pour sa part, Mme Roudina Ouamane, secrétaire du bureau de wilaya du Syndicat algérien des travailleurs de l’éducation (Sate), condamne, elle aussi, ce qui est arrivé à ces enseignantes. Elle qualifie d’“ignoble” cette agression, tout en annonçant qu’une réunion d’urgence de son bureau sera tenue dans les plus brefs délais, laquelle sera consacrée particulièrement à cette affaire.
“Nous ne pouvons laisser passer sous silence cet incident que nous tenons à dénoncer, et qui s’est produit juste quelques jours après l’affaire de Bordj Badji-Mokhtar.
Ces enseignantes venues de loin combler le manque en matière d’encadreurs, sont nos hôtes, il est inadmissible qu’un tel acte barbare leur arrive. Biskra est connue pour son hospitalité, c’est vraiment abominable ce qui vient de se passer. L’auteur de cet acte doit être sévèrement puni. L’on n’accepte plus que cela se reproduise chez nous. Il est honteux que des enseignantes vulnérables, éduquant nos enfants fassent l’objet d’agression”, s’indigne-t-elle avant de poursuivre : “Mais, il était quand même attendu que cela se produise, surtout quand on sait que le quartier en question, les 150-Logements, qui, à l’heure actuelle, est non clôturé, situé dans un endroit quasiment isolé, donnant sur une montagne et un cimetière, fasse l’objet d’une attaque de la d’énergumènes qui pullulent à El-Alia.” Notre interlocutrice ajoute : “Nous allons œuvrer de façon à trouver un endroit plus sûr à ces enseignantes.
Nous allons réitérer notre demande aux responsables locaux, en particulier ceux de l’éducation, de les reloger au niveau du quartier des 50-Logements qui se trouve tout près de Hammam Salihine, et qui est plus sécurisé que les 150-Logements.” Même son de cloche de la part d’Issam Chaoui, membre du bureau national du Syndicat des agents de l’éducation.
“L’attaque contre les enseignantes de nos enfants ne doit pas rester impunie. Une réunion d’urgence va être tenue cette après-midi pour voir ce que nous devons décider. Il est temps qu’un décret officiel de protection des travailleurs du secteur de l’éducation soit promulgué, avant que les choses ne s’aggravent.
Ce qui s’est passé à Bordj Badji-Mokhtar, et aujourd’hui à Biskra, ne sera pas le dernier, si des mesures urgentes ne sont pas prises et de toute urgence.” Rappelons que nos tentatives de joindre les enseignantes victimes de cette agression et qui seraient en état de choc, ont été vaines. Nous y reviendrons.
H. BAHAMMA