L’organisation non gouvernementale, Amnesty International, a exprimé, hier, son inquiétude quant à la multiplication des actions répressives, allant de la dissolution aux procédures judiciaires que mènent les autorités algériennes à l’encontre de partis politiques d’opposition.
“Au cours du seul mois de janvier, les autorités algériennes ont suspendu un parti politique et en ont menacé deux autres de subir le même sort”, s’est inquiété Amnesty International, dans son dernier communiqué, dans lequel elle rappelle également qu’outre ces mesures visant les partis, les autorités algériennes ont aussi condamné le leader d’un parti politique à deux années de prison pour avoir exprimé ses opinions contre la restriction des libertés dans le pays.
Concernant les partis politiques en question, le communiqué cite le Parti socialiste des travailleurs (PST), dont la suspension a été ordonnée le 20 janvier dernier par le Conseil d’État algérien, le contraignant à cesser toutes ses activités et à fermer ses locaux, puis celui de l’Union pour le changement et le progrès, (UCP), qui attend un jugement sur le fond de son affaire auprès du Conseil d’État.
Le troisième parti concerné est, cite Amnesty International, le RCD qui a reçu le 6 janvier un avis officiel du ministère de l’Intérieur lui demandant de se conformer à la loi n°12-04 sur les partis politiques, tout en indiquant qu’une rencontre organisée au siège du parti le 24 décembre n’était pas conforme aux objectifs du parti et n’avait pas été autorisée.
S’agissant du leader politique condamné, cette ONG fait allusion au coordinateur du Mouvement démocratique et social (MDS), Fethi Gheras, qui a été condamné à deux ans de prison ferme et à une amende de 200 000 DA le 9 janvier dernier.
Ces actions répressives témoignent, selon Amnesty International, d’une volonté “d’écraser leurs opposants en piétinant les droits à la liberté de réunion, d’association et d’expression”.
À ce titre, l’ONG souligne que même si le gouvernement algérien a fait valoir que les trois partis avaient enfreint la loi en organisant des rassemblements non autorisés et accusé un retard dans la tenue de leur congrès, il n’en demeure pas moins, rappelle-t-elle, que “ces trois partis critiquent haut et fort le gouvernement, ont boycotté les élections présidentielle, législatives et locales et joué un rôle actif dans le Hirak”.
S’insurgeant contre ces pratiques, Amna Guellali, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International, a considéré que “rien ne justifie de poursuivre des militants politiques et de suspendre des partis d’opposition”.
“L’Algérie doit en finir avec sa répression implacable contre toutes les formes de dissidence. Le droit international relatif aux droits humains et la Constitution algérienne garantissent les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique pour les partis politiques. Les autorités doivent cesser immédiatement leurs attaques contre les libertés fondamentales en Algérie”, a-t-elle estimé.
Samir LESLOUS