Colère chez la diaspora algérienne au Canada, après que le gouvernement a fait l’impasse sur la desserte Alger-Montréal-Alger de la compagnie nationale qui vient de voir ses vols internationaux passer à 32 fréquences par semaine. Mercredi, le ministère des Transports annonçait dans un communiqué qu’Air Algérie assurera dorénavant 32 vols hebdomadaires contre 9 depuis la reprise des dessertes coïncidant avec la réouverture des frontières en mai dernier, après la levée de certaines restrictions sanitaires. Une décision saluée en son temps par nos compatriotes du Québec qui ne pensaient pas que la destinations Montréal allait passer à la trappe dans l’agenda du transporteur aérien algérien.
Pour doubler le trafic aérien, les compagnies étrangères sont également appelées à assurer le même nombre de vols, dans une démarche de “réciprocité”. La destination Montréal ne figure pas parmi les dessertes assurées depuis la reprise des vols de la compagnie nationale. Pourtant, une forte communauté nationale y est établie. Quelque 120 000 Algériens y sont installés, soit numériquement la deuxième diaspora après la communauté nationale en France. Ce poids démographique ne semble pas avoir pesé dans la décision du gouvernement d’augmenter le nombre de dessertes de et vers les aéroports d’Alger, d’Oran et de Constantine. Parmi les 32 vols, 24 seront assurés par la compagnie nationale entre ces trois aéroports vers la France. Mais certains vols sont prévus dans des pays où les Algériens sont moins présents.
À titre d’exemple, un vol hebdomadaire est prévu pour l’Italie, l’Allemagne, la Tunisie et la Russie, mais pas le Canada. “C’est une aberration !”, dénoncent des Algériens approchés par Liberté. “Déjà, lors de la réouverture des frontières en mai dernier à la veille de la saison estivale, Montréal ne figurait pas parmi les destinations de reprise d’Air Algérie, ce qui fut injuste en soi, si l’on considère l’importance en termes démographiques de notre communauté au Canada, notamment au Québec”, s’est indigné Salah, informaticien. Linda, enseignante de son état, abonde dans le même sens. “Je n’ai rien compris à la décision d’Air Algérie”, se désole-t-elle, précisant que de toute façon, elle ne peut pas voyager, en raison de la rentrée scolaire.
D’autres Algériens vivent un véritable déchirement, eux qui n’ont pas pu entrer au pays pour accompagner des proches décédés. C’est le cas de Farid, technicien dans le bâtiment, qui n’a pas encore fait le deuil du décès de son père en juin dernier. “Je suis en colère contre Air Algérie”, peste-t-il. Le mois dernier, une pétition avait rassemblé des milliers de signatures pour exiger la reprise des vols d’Air Algérie, suspendus depuis le 17 mars 2020, si l’on excepte les quelques vols nolisés.
Yahia Arkat